En mer ou au mouillage, la vie quotidienne du bord est bien réglée.
Pour
le
repas,
les
officiers
et
les
scientifiques
s'habillent
et
prennent
place
autour
d'une
table
dressée avec de la vaisselle de porcelaine ou d'étain.
Le menu est répétitif.
Le matin, le petit-déjeuner se compose de café, de pain, d'ail, de mélasse...
Au
déjeuner
et
au
diner,
les
rations
sont
à
base
de
biscuits
secs,
de
morue
ou
de
viande
salée,
de
choucroute ou de légumes séchés.
Des
vivres
frais
comme
de
la
viande,
du
poisson,
des
légumes
ou
des
fruits
améliorent
parfois
l'ordinaire et évitent le scorbut.
Le
médecin
veille
sur
la
santé
de
l'équipage,
l'aumônier
sur
celle
des
âmes
et
le
commandant
reste
le
seul maitre à bord (après Dieu, évidemment).
Mais que coûte une telle expédition en vivre ?
Quatre ans, c'est 4 x 365 = 1 460 jours.
Pour
les
100
hommes
de
l'équipage,
cela
représente
1460
jours
x
100
=
146
000
rations
journalières de nourriture.
On
peut
estimer
qu'un
marin
mange
au
minium
1
kg
de
nourriture
par
jour,
ce
qui
fait
pour
tout
l'équipage 146 tonnes à embarquer.
Il boit 2 litres par jour, ce qui fait : 146 000 x 2 = 292 000 litres de liquide (eau, vin, rhum...).
Ces
énormes
quantités
de
nourriture
embarquées
dans
des
tonneaux,
des
caisses
ou
des
sacs
ne
se conservent pas bien en mer du fait de l'humidité et de la chaleur.
Les
escales
sont
les
bienvenues
pour
renouveler
l'eau
potable
et
pour
se
ravitailler
en
fruits,
légumes
et viandes.
Les
principaux
dangers
attendus
et
redoutés
par
l'équipage
lors
d'une
telle
expédition
sont
tous
ceux
qui peuvent entraver la bonne marche de l'expédition :
-
mauvaise
météo,
-
rencontres
dangereuses,
-
accidents
de
toutes
sortes,
-
révoltes
ou
maladies,
-
tempêtes,
-
brouillards,
-
manque
de
vent,
-
manque
d'eau
et
de
nourriture,
-
attaque
de
pirates,
-
attaque
d'indigènes,
-
accidents
lors
de
manœuvres,
-
échouage
sur
des
récifs,
-
promiscuité,
-
dispute à bord, - mutinerie, - mal du pays, - maladies (dysenterie, scorbut).
Le
scorbut
ou
"peste
de
la
mer"
se
déclare
au
bout
d'environ
70
jours
de
nourriture
sans
vitamine
C
(celle qu'on trouve en quantité dans les fruits et les légumes frais ou la choucroute).
Cette
carence
en
vitamine
C
conduit
à
la perte des cheveux et des dents, à des hémorragies, au dépérissement et à la mort.
La Pérouse et son médecin Rollin sont sur la bonne voie pour empêcher le scorbut.
Ils
font
souvent
escale
pour
acheter
des
légumes
et
des
fruits
frais
(oranges,
citrons),
se
nourrissent
de
choucroute
et
imposent
un
mode
de
vie
hygiénique
malgré
les
conditions
de
navigation difficiles.
Les
bonnes
relations
avec
les
populations
locales
feront
le
succès
de
l'expédition
pour
l'approvisionnement
des
navires,
l'aide
à
la
cartographie
des
cotes,
la
connaissance
de
la
flore
et
de la faune, mais aussi les futurs contacts commerciaux.
Afin
de
les
amadouer
et
de
montrer
leurs
bonnes
dispositions,
les
navigateurs
embarquent
de
très
nombreux cadeaux à distribuer aux indigènes et à leurs chefs :
perles
de
verre,
clochettes,
outils
de
métal,
hausse-col,
décoration
de
casque
de
dragon
et
médailles
commémoratives à l'effigie du roi et aussi des rubans en soie, des étoffes de mousseline.
Claude Nicolas Rollin, chirurgien à bord de la Boussole organise la vie quotidienne à bord et il dit :
"Le succès d'une longue expédition en mer repose sur la bonne santé de l'équipage.
La
lutte
contre
le
scorbut,
cette
"peste
de
la
mer"
due
au
manque
de
légumes
et
de
fruits
frais,
est
prioritaire.
J'ai suivi les conseils de Cook qui n'avait pas perdu un seul homme lors de ses voyages.
Nous
embarquons
donc
des
farines
à
base
de
carotte,
raifort
et
persil,
des
légumes
séchés,
de
la
choucroute, le tout en grande quantité.
A
chaque
escale,
nous
faisons
le
plein
de
vivres
frais
et
nous
portons
un
soin
particulier
à
l'hygiène
:
inciter les marins à se peigner, se laver, se raser, à changer régulièrement de chemise.
Et pour les conserver en pleine forme, nous les faisons danser tous les jours sur le pont !".